Retranscription de l’émission « Passionnément » J-Philippe Champailler

Bienvenue dans la retranscription de l’édition « Passionnément », où chaque mois en partenariat avec RCF Saint-Étienne, vous retrouverez l’interview d’un commerçant Stéphanois du livre Côté Comm’, passionné par son métier autant que par ses produits.

Place à Jacques-Philippe Champailler de la boutique Optique 42.

RCF: Bonjour !

J-P. Champailler: Bonjour !

RCF: Donc Stéphanois, fier de l’être? 

J-P. Champailler: Oui ! 

RCF: Est-ce que c’est cela qui a motivé votre installation, en l’occurrence la reprise de ce magasin, ici à Saint-Étienne?

J-P. Champailler: En partie oui: encré localement, familial, amitiés aussi, qui m’ont donné envie de rester sur Saint-Étienne et de reprendre ce magasin.

RCF: Le quartier, Centre Deux, un quartier qui bouge beaucoup en ce moment. C’est un quartier facile? C’est un quartier dont on connaît peu être mieux les habitants qu’ailleurs ou pas?

J-P. Champailler: Pas plus qu’ailleurs, c’est un quartier qui est très cosmopolite qui a beaucoup évolué ces dernières années. La réfection de Centre Deux  tant attendue est presque terminée enfin du moins, amène un dynamisme qui avait été perdu ces dernières années. Beaucoup de passages : trams, voitures piétons… Mais, on en veut toujours plus !

RCF: Qu’est-ce que cela veut dire « on en veut toujours plus »?

J-P. Champailler: Plus de clients, enfin plus de passages, qu’il y ai plus de monde dans les rues de Saint-Étienne qui consomment dans les commerces stéphanois et pas sur d’autres villes autour, comme Lyon ou d’autres agglomérations.

RCF: Même pour les lunettes les gens peuvent aller ailleurs que là où ils habitent?

J-P. Champailler: Oui, la proximité avec leur lieu de travail dans certains cas ou facilité d’accès et de stationnement sur des zones commerciales extérieures.

RCF: L’optique, un choix d’activité qui est venue de quelle façon?

J-P. Champailler: Un peu par hasard, un peu par rapport au côté science, côté scientifique de la vue, que cela soit l’œil en allant à l’optique en générale.

RCF: Aller jusqu’à l’ophtalmologie cela ne vous branchait pas si je peux dire?

J-P. Champailler: Non le côté purement médicale, pathologique n’était pas quelque chose qui m’intéresse. Plus le côté technique et manuel des sciences qui m’intéressaient.

RCF: Et donc avant de reprendre ce magasin ici 2 rue des Dr Charcot, vous aviez d’autres expériences dans des magasins d’optique?

J-P. Champailler: Oui aussi bien à Saint-Étienne qu’en Haute-Savoie, j’ai déjà eu d’autres expériences. 

RCF: Qu’est ce qui change quand on prend soi même les choses en main? Qu’on est son propre patron?

J-P. Champailler: Il faut gérer beaucoup de chose. Aussi bien les achats, les clients, l’atelier, les réparations, la comptabilité en partie, les relations avec les mutuelles et les fournisseurs. Il faut tout faire.

RCF: Parce que vous êtes tout seul du coup, c’est un choix?

J-P. Champailler: Oui c’est un choix, le personnel, il y a des difficultés de recrutement comme dans beaucoup de secteurs. Après les clients me font confiance, est ce qu’amener du personnel maintenant, c’est difficile. Peu être qu’un jour avoir du personnel pour essayer de développer un peu plus l’activité mais il faut expliquer aux clients justement qu’il n’y aura pas que moi et cela peut parfois poser problème. 

RCF: Alors j’évoquais les lunettes, c’est en partie pour cela que l’on vient chez vous, mais là, je vois d’autres choses dans votre magasin. À commencer par des jumelles par exemple. Un casque avec des lunettes qui font plus penser à des pilotes d’avion de chasse. Pourquoi ce présentoir avec ce casques et ces lunettes très particulières?

J-P. Champailler: C’est un casque publicitaire de la marque Randolf qui fabrique les lunettes pour l’armée américaine depuis 1973, qui est leur fournisseur au départ avant d’avoir un contractant, et je suis dépositaire de cette marque de lunettes qui les équipe et différents services américains.

RCF: Venons-en justement aux caractéristiques des produits que vous vendez. Il y a tout simplement le désir de chacun de voir correctement de près et de loin. Est-ce que des lunettes comme celles-ci que vous venez de nous décrire qui sont probablement très techniques pour des pilotes de chasse, offrent des caractéristiques différentes, supplémentaires par rapport au fait de pouvoir lire et voir?

J-P. Champailler: Là ce sont des lunettes non correctrices, des lunettes de soleil classiques. Qui vont améliorer les contrastes, ce dont ont besoin les pilotes de chasse ou dans d’autres activités. La différence avec les lunettes de vue qu’elles soient solaires ou en verres blancs, là il y a une technique en fonction du verre en fonction des besoins de chaque personne. 

RCF: Le métier d’opticien a beaucoup évolué au cour des années, lorsqu’on rentrait dans un magasin on venait pour acheter des lunettes, aujourd’hui on vient avec une ordonnance, mais qui peut déjà avoir quelques années, vous allez pouvoir vous effectuer certaines mesures, ce qui n’était pas toujours le cas autrefois.

J-P. Champailler: On peut adapter une prescription dans le cas d’un renouvellement, à savoir que la prescription est nécéssaire dans le cadre d’un remboursement de lunettes auprès des régime obligatoires et complémentaires. La difficulté d’avoir rendez-vous chez l’ophtalmologiste à Saint-Étienne n’est pas un problème à mon sens car il y a eu plusieurs ouvertures de centres qui ont permis de raccourcir énormément les délais. Je fais du renouvellement avec adaptation donc avec contrôle visuel, qui est très différent d’un examen de vue. Tout ce qui est partie pathologique, fond d’œil, tension oculaire, ne peut pas se faire en magasin, cela se fait uniquement chez l’ophtalmologiste.

RCF: Les lunettes il y a beaucoup de marques, il y a des modes sans doute aussi. Comment est-ce que vous les choisissez, rentrée après rentrée?

J-P. Champailler: Au niveau du choix des fournisseurs, en tant qu’indépendant je choisis de travailler avec qui je veux, ou du moins si c’est possible, suivant certaines exclusivités ou certains critères. J’ai fait le choix de proposer en lunettes de vue majoritairement des « origines France garanties »qui ont une certaine qualité et recherche de design, un suivi des produits au niveau du SAV. C’est important. Également la continuité du produit, la différence de grandes enseignes qui vont travailler avec des griffes qui sont fabriquées par qui des grands groupes principalement italiens ou le suivi peu être un peu plus compliqué dans certains cas.

RCF: Autant de clients, autant de désir, d’envie et de perception du visage que l’on peut avoir une fois que les lunettes sont posées sur le nez, notamment lorsque c’est la première fois que cela arrive. Il y a un côté presque psychologique dans le métier?

J-P. Champailler: Ce n’est pas toujours évident d’accepter, de se dire « il faut que je porte des lunettes »; c’est considéré comme un signe de vieillissement mais tout le monde y a droit un moment ou à un autre, c’est un besoin, la vue est un des sens les plus importants qui nous permet de travailler, communiquer, se déplacer, donc le choix du produit en fonction des besoins de la personne aussi bien professionnels, personnel, loisirs est dans certains cas plus difficiles que dans d’autres. 

RCF: Comme vous travaillez seul, comment est ce que vous faites lorsque deux personnes viennent en même temps? Cela peut prendre du temps !

J-P. Champailler: En même temps, ça m’arrive d’avoir du monde en même temps évidement, mais c’est une question d’organisation. C’est rare que deux personnes, rentrent exactement au même moment pour exactement la même chose… Il y a toujours un décalage, donc on arrive entre le choix de la monture, le temps de réflexion laissé à la personne, le temps de choisir les verres, cela permet d’avoir un certain roulement.

RCF: Cet accompagnement n’est pas trop difficile /compliqué ? Les gens sont tous différents, peuvent parfois être exigeants?

J-P. Champailler: Il faut déjà expliquer ce qui est écrit sur l’ordonnance, que la personne comprenne quel est son besoin. Déjà en expliquant, quand est-ce qu’elle va porter ces lunettes, dans quelle situation dans quels types d’activité, il faut expliquer simplement déjà ce qui est écrit et décrypter l’ordonnance.

RCF: Vous avez tous les âges?

J-P. Champailler: J’ai une clientèle très large: enfants, adultes.

RCF: Cela change beaucoup?

J-P. Champailler: Il faut s’adapter: avoir un choix de produits assez large justement. Aussi bien pour tout type de personnes au niveau morphologie, âges, taille de visage évidement et critère de prix.

RCF: La concurrence est rude, il y a beaucoup d’opticiens ne serait-ce que sur Saint-Étienne, vous avez déjà évoqué d’autres villes qui sont à proximité du lieu de travail par exemple.

J-P. Champailler: Il y a de la concurrence mais il faut de la concurrence dans tous les cas, après cette concurrence, on est peu nombreux on va dire dans mon cas de figure en indépendant à Saint-Étienne. Il y a beaucoup de grandes enseignes qui travaillent complètement différemment. 

RCF: Cela veut dire quoi ça?

J-P. Champailler: Ils ne proposent pas du tout les mêmes types de produits. Ils travaillent beaucoup avec des grandes marques de lunettes « griffes » ou leurs propres produits en marque distributeur. Ils n’ont pas le même fonctionnement d’accompagnement, de choix de produits et souvent dans ces magasins le personnel ne choisit pas les collections, tout leur est envoyé soit automatiquement soit par une autre personne décisionnaire. Donc ils ont des produits avec un vaste choix, même des fois très très large mais qui va être très standardisé au niveau des formes, des tailles, des couleurs. CAD ils prennent des produits qui sont les meilleures vente des fabricants qu’ils seront surs de vendre.

RCF: Est ce qu’il y’a une mode dans les lunettes?

J-P. Champailler: Évidemment, il y a eu plusieurs modes, il y a eu beaucoup de métal, beaucoup d’acétate, on est revenu sur du métal, là il y’a un large choix au niveau des formes et tailles. Là on est quand même sur des montures actuellement plus hautes, plus grandes qu’il y a quelques années. Un retour des montures épaisses qui reviennent, mais toujours avec un large choix de produits de toute tailles et épaisseurs.

RCF: Depuis 2020, le zéro reste à charge? De quoi s’agit-il rapidement et surtout est-ce que c’est quelque chose qui vous a ramener des nouveaux clients?

J-P. Champailler: Alors le 100% santé reste à charge 0 a plusieurs noms. Il n’est pas proposé de temps en temps, il est systématiquement inscrit sur le devis. Toute personne qui est bénéficiaire d’une complémentaire santé à la possibilité d’avoir un équipement reste à charge 0. Libre à lui de le prendre, de le choisir ou de ne pas le choisir, à savoir que ce n’est pas du tout la même qualité de produit, ni la même origine de fabrication des verres et des montures, avec un choix de montures restreint.

RCF: Mais dans certains cas cela peut être pour des personnes avec des problèmes financiers, cela peu être une chance parce que certains « reculaient » à se faire faire des lunettes jusqu’à présent. 

J-P. Champailler: Cela a été beaucoup annoncé, en disant le renoncement au soin en lunettes, du aux coûts, ce n’était pas vraiment je pense la première chose, je dirai qu’il y a avait surtout à ce moment là avant 2020 même avant 2021, un cruel manque d’ophtalmologistes, qui manquent toujours un peu dans certaines régions en France, où c’était plus l’accès aux soins chez l’ophtalmologiste qui était un frein justement. Il y a toujours eu des offres commerciales à des prix raisonnables chez tous les opticiens quels qu’ils soient, il y a toujours eu des solutions pour s’adapter. Imposer ce reste à charge 0 par l’état n’est pas une mauvaise chose en soi, cela permet d’avoir un équipement avec un cadre défini et éviter certaine dérive sur des produits vraiment des mauvaises qualité à bas prix… Un prix quand même qui n’est pas très élevé mais qui permet d’avoir un équipement correct qui convient aux besoins de la personne, esthétiquement avec nombre de choix de montures défini par l’État. 

RCF: Pour autant, le remboursement par la sécurité sociale et les mutuelles n’est pas très élevé. Les lunettes sont vraiment un outils qui améliorent le quotidien notamment lorsqu’on vieilli. Cela ne vous choque pas cette situation de « fait », vous n’y pouvez pas grand chose d’ailleurs ?

J-P. Champailler: Les mutuelles depuis plusieurs années ont voulu baisser les dépenses d’optique en disant « il faut que le reste à charge pour le porteur diminue » ainsi de suite, en baissant volontairement les prix, donc au détriment d’une partie de la qualité, alors que nous avons une grosse innovation au niveau recherche et développement des verres en France et en Europe avec une marché qui est beaucoup porté par les verres progressifs qui ont un coût de développement et de fabrication. Les mutuelles veulent rembourser le moins possible ou du moins dépenser le moins d’argent possible; au détriment de la qualité, du service etc. Le client est quand même libre de choisir son produit en fonction de ses besoins, et il est vrai que les baisses de remboursements depuis plusieurs années au niveau des montures ont beaucoup changé le choix des porteurs en les orientant vers des produits un petit peu moins chers au niveau des montures et pareil au niveau des verres.

RCF: Vous avez parlé des innovations, les verres progressifs pour la personne qui prend un peu d’âge, c’est quelque chose qui aujourd’hui est d’une qualité extraordinaire, on n’a plus de vertiges quand on baisse les yeux ou quand on les lève, coup sur coup je crois. Mais aujourd’hui qu’est ce qu’on peut dire de ces innovations, qu’est ce qu’il s’apprête à devenir intéressant les « voyants » que nous sommes, que nous avons la chance d’être encore!

J-P. Champailler: Il y a beaucoup d’innovation au niveau des verres, aussi bien sur des verres « freineur » de myopie pour les enfants, sur des verres très amincies avec un meilleur champ de vision pour la vision de loin et sur des verres progressifs avoir beaucoup plus de confort visuel. Ce sont des innovations avec des brevets de la recherche par rapport à la netteté à la facilité de nettoyage qui ont un coût final, et lorsque l’on regarde l’évolution du prix des verres progressifs sur plusieurs années; à qualité équivalente on est plutôt sur une baisse.

RCF: Une cliente vient d’entrer, elle vient d’acheter des cordons. Ce sont des accessoires que vous vendez aussi que les gens sont contents de trouver chez leur opticien?

J-P. Champailler: Oui comme d’autres produits, des jumelles, des loupes. Des aides pour grossir les textes.

RCF: Les innovations techniques bien sur on le comprend, mais des innovations / des projets qui concernent la boutique ici? Au bout de 10 ans c’est un anniversaire ! Peu être l’occasion de lancer d’autres choses je ne sais pas !

J-P. Champailler: S’occuper d’un magasin prend beaucoup de temps ! Aussi bien au niveau des achats que de la gestion de la clientèle… Mon objectif c’est vraiment de fidéliser ma clientèle et la développer évidement mais surtout garder les clients pour éviter la dispersion sur la concurrence dans d’autres magasins.

RCF: Un dernier mot sur le fait que vous faites partie de l’association Côté Saint-Étienne, l’association des commerçants. Pourquoi cette démarche?

J-P. Champailler: Il faut être solidaire entre commerçants. On peut être concurrents, confrères, même amis avec certains et se côtoyer. Mais il faut être solidaire justement pour développer le commerce à Saint-Étienne; plus il y aura de commerces plus il y aura de clients pour tout le monde. Cela permet de développer la Ville de Saint-Étienne, aussi bien au niveau économique, que le nombre d’habitants, d’infrastructure… Faire venir le maximum de monde consommer ici en intra muros, c’est vraiment important. 

RCF: Dans votre domaine, internet n’est pas vraiment un concurrent?

J-P. Champailler: Un peu, sur les lentilles de contact. Et aussi sur les lunettes de soleil non correctrices.

RCF: Mais les lentilles de contact, elles sont bien correctrices, comment cela peut s’acheter sur internet?

J-P. Champailler: Le renouvellement ! Ceux qui ont déjà leur paramètres de lentilles sur la boite recommandent facilement leur lentille sur le net. Après, est-ce que la traçabilité des produits et leur stockage est parfait, on ne peut pas le savoir.

RCF: Donc, restons « local » !

J-P. Champailler: Exactement !

 

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Retranscription de l’émission « Passionnément » S. Filiol

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Bienvenue dans la retranscription de l’édition « Passionnément », où chaque mois en partenariat avec RCF Saint-Etienne, vous retrouverez l’interview d’un commerçant Stéphanois du livre Côté Comm’, passionné par son métier autant que par ses produits.

Place à Sophie Filiol de la boutique Jacadi.

RCF: Bonjour Sophie Filiol !

S. Filiol: Bonjour !

RCF:  Cette marque, je n’imaginais pas que cela faisait si longtemps, moi qui suis stéphanoise, qu’elle n’était plus présente à Saint-Étienne depuis si longtemps, 25 ans quand même! C’est long ! Qu’est ce qui a fait que les choses ont redémarré? Une sollicitation de Jacadi pour qu’il y ai de nouveau un magasin à Saint-Étienne?

S. Filiol: Non en fait mon époux qui travaillait en tant que commercial avant, connaissait la ville et voyait très bien qu’elle commençait vraiment à changer. C’est plus lui qui à décider de réimplanter Jacadi sur Saint-Étienne.

RCF: En même temps ce n’était pas une première pour vous, car vous avez une autre expérience ailleurs?

S. Filiol: Oui, nous avons également un autre magasin Jacadi implanté depuis deux ans maintenant sur Clermont-Ferrand.

RCF: Vous-même avez aussi une expérience commerciale comme votre mari?

S. Filiol: Oui j’ai toujours été dans le commerce depuis l’âge de 20 ans. Et pourquoi Jacadi, et bien j’ai été salariée de la marque pendant 10 ans donc il m’a semblé tout naturel d’ouvrir à mon compte une boutique de leur marque.

RCF: «Être à son compte» qu’est-ce que cela veut dire pour vous? Qu’est-ce que cela représente?

S. Filiol: Travailler pour moi-même, être associée avec mon époux. En plus, c’est vraiment une marque que j’aime, qui partage nos valeurs. Nous vendons des produits qui sont magnifiques et surtout les clientes me connaissent, donc c’était beaucoup plus facile pour moi. D’autant plus que mes clientes m’ont suivi quand j’ai ouvert le magasin sur Clermont-Ferrand. Et je suis très heureuse d’avoir ouvert ici.

RCF: Alors, on ne va pas parler tout de suite de Jacadi si vous le voulez bien. Cette décision d’ouvrir la boutique à Clermont-Ferrand il y a 3 ans, et puis à Saint-Étienne il y a 1 an, suivi par votre époux, et même de toute votre famille; vous êtes parties avec vos deux enfants, pour un break de 7 mois autour du monde. Pourquoi êtes-vous partis? Il peut y avoir des freins, par exemple les enfants qui n’iront pas à l’école pendant x de temps ou du moins pas de la même façon, on ne travaille plus. Qu’est-ce qui fait qu’on prend cette décision importante ?

S. Filiol: En fait, quand on travaille tout le temps, on réalise qu’on ne voit pas nos enfants, qu’on ne profite pas d’eux, de nous même ou de nos conjoints, donc on a décidé avec Franck de faire un break de 7 mois, « voilà on arrête ». On va partir pour profiter de notre famille, découvrir un peu le monde, ce qui se passe de l’autre côté de nos frontières, voir un peu comment sont les écoles à l’étranger et surtout montrer à nos enfants ce qui se passe ailleurs, tout simplement.

RCF: Quels âges avaient-ils à l’époque?

S. Filiol: Martin avait 10 ans et Robin 8 ans.

RCF: Donc ils sont allés à l’école d’autres pays?

S. Filiol: Oui tout à fait. Ils ont découvert les écoles laotiennes, cambodgiennes et plein d’autres choses. Ils ont rencontré des tas d’enfants de leur âge, ils ont joué à des jeux qui étaient complètement différents des nôtres en France. Ce sont vraiment de belles découvertes humaines et ça c’était vraiment important pour nous.

RCF: Est ce que c’est pendant ce temps-là qu’à mûri le projet de votre association notamment? Parce qu’à l’époque ce n’était pas encore le cas l’idée de monter une franchise et de s’associer?

S. Filiol: Pas du tout. C’est vraiment au retour du tour du monde qu’on a eu une prise de conscience. On avait vraiment plus envie de revenir dans ce monde-là, se lever le matin en se disant «allez on va travailler!». On avait envie de se retrouver en fait et de travailler en famille! Et effectivement Jacadi est venue dans nos têtes et on a franchi le pas, comme le tour du monde, donc voilà c’est parti on le fait !

RCF: Et vous avez associé, bien sûr à minima vos enfants, notamment ici dans l’installation de cette boutique Jacadi à Saint-Étienne?

S. Filiol: Oui parce qu’en fait ils ont participé aussi comme à Clermont-Ferrand. Pas énormément mais ils ont fait de la peinture, monter des meubles, ils étaient présents lorsqu’on a fait les travaux, ils ont vu l’évolution aussi du magasin au tout début lorsqu’il n’y avait rien.

RCF: Ce magasin, rue Alsace-Lorraine, est ce que cela a été compliqué après les 25 ans d’absence de la marque?

S. Filiol: Non parce qu’en fait les clientes d’il y a 25 ans étaient au RDV et ont été vraiment enthousiasmées de retrouver la marque à Saint-Étienne, nous avons été ravis. Les Stéphanois nous ont accueilli vraiment chaleureusement, on était vraiment contents.

RCF: Bien que la période ne soit pas encore complètement libérée du COVID ?

S. Filiol: Oui, ils étaient au RDV, on les remercie !

RCF: Cette marque, dans l’esprit de beaucoup c’est évidemment les enfants 0-12 ans, mais qu’est ce que vous proposez qui est peut être différent de ce qu’il se proposait il y a 25 ans, avec en même sans doute des  « permanences »?

S. Filiol: On a vraiment des thèmes et des produits en fait à proposer aux clientes, mais ce qui fait vraiment la différence, nous avons un vrai accompagnement et une fidélisation des clients, c’est- à dire que quand vous pensez «cadeau» en fait vous pensez «Jacadi». Les clients sont comme des invités qui viennent chez nous. Donc on les accueille comme des invités, ils sont reconnus, considérés, ils sont donc chez eux.

RCF: Ça c’est la valeur que vous offrez à la cliente. En termes de produit, on a déjà évoqué des chaussures mais évidemment des vêtements, mais aujourd’hui Jacadi ce n’est pas que cela.

S. Filiol: Non on a aussi du mobilier, nous vendons aussi tout pour la future maman et le bébé qui arrive, on va faire des gigoteuses, des nids d’ange, des langes, des peluches musicales, des peluches d’éveil… donc toute une partie puériculture. On fait des lits évolutifs, bref de quoi accueillir l’enfant pour que la maman puisse être plus sereine et commencer à faire la chambre.

RCF: Vous avez dit tout à l’heure une expression que je n’avais encore jamais entendu, «nous sommes une marque de destination». Pouvez-vous expliquer ce que cela veut dire?

S. Filiol: Une marque de destination c’est le principe que les clients ne viennent pas en se disant «ah je me balade,et si j’allais chez Jacadi». Quand les clients se déplacent c’est quand ils savent qu’ils vont faire un cadeau ou pour acheter un pyjama ou autres ils viennent exprès. Pas juste pas curiosité. Quand ils viennent, ils viennent pour une bonne raison.

RCF: Ces produits, où sont-ils conçus? Où sont-ils fabriqués?

S. Filiol: Ils sont conçut directement au siège à Paris, dans le 17ème arrondissement par des stylistes parisiens. Certains produits viennent d’autres pays comme la Chine ou autres, tout notre mobilier vient de France, les chaussures du Portugal et notre tissu, par exemple ce liberty que nos clientes adorent, vient d’Angleterre. Il a d’ailleurs été créé par Monsieur Liberty, d’où son nom. La plupart des vêtements sont tout de même fabriqués en France, les accessoires également.

RCF: Parlons de l’équipe. Combien de personnes sont là en permanence à la disposition des clients qui passent la porte de la boutique?

S. Filiol: Nous avons Lætitia qui est rentrée en tant que conseillère de vente puisque nous avons promu co-responsable, qui est stéphanoise; et nous avons Romane en alternance qui est encore avec nous pendant un an. Bientôt nous aurons Rayan qui fait une école de commerce et qui est en stage actuellement pendant 5 semaines. Donc nous sommes 3 dans le magasin.

RCF: Cela veut dire qu’au milieu de cette équipe plutôt féminine, vous avez déjà accueilli un garçon. On a tendance, en caricaturant, que pour accueillir des mamans, jeunes mamans et des futures mamans plutôt d’autres femmes et en fait évidemment les hommes aussi peuvent occuper ce poste?

S. Filiol: Bien sûr. Là dessus nous ne mettons aucun frein. Par exemple, mon époux Franck adore vendre et toutes les mamies ne veulent être servies que par lui. En fait, il faut de l’audace aussi pour vendre mais il n’y a pas de différence homme femme, n’importe quelle personne peut venir chez Jacadi et être conseiller(e) de vente.

RCF: Quelles qualités faut-il si l’on veut pouvoir répondre à la clientèle et lui donner satisfaction ?

S. Filiol: Je pense que quelque part il faut être passionné par le métier. Il faut aimer les gens et être généreux. À partir du moment où vous aimez ce que vous faîtes vous transmettez au client, c’est tout simple. Il faut aimer ce qu’on fait, avoir un savoir être et un savoir-faire aussi évidemment, d’où les formations, on ne laisse pas les gens arriver comme cela en magasin. Être passionnée, c’est déjà 90% du travail de conseillère de vente.

RCF: Votre clientèle est un peu «double». Il y a évidemment les parents, mais derrière il y a les enfants. Les parents veulent ce qu’il y a de mieux, ce n’est pas toujours évident de comprendre les attentes de chacun… Il y a des enfants de 1 an qui sont tout petits, d’autres plus grands… et les parents n’en n’ont pas toujours notion, c’est la difficulté du conseil?

S. Filiol: C’est là que va intervenir notre professionnalisme en fait. Il faut poser des questions et découvrir le client. Grâce à nos questionnements, on va le rencontrer, ses craintes, ses doutes, c’est à nous de le rassurer. Nous allons pouvoir lui proposer des produits adaptés.

RCF: Vous êtes dans le quartier de l’hyper centre, dans cette rue piétonne, évidemment ce n’est pas un hasard parce que l’emplacement a dû vous plaire. Est ce que cela va plus loin que cela, est-ce que cela va au-delà de «ici, c’est chouette »?

S. Filiol: Non, on ne peut pas juste se dire cela. En fait, il y a beaucoup de passage, on ne peut pas localiser notre magasin sur un endroit où il n’y a pas de passage. On s’est installé ici car il y a Vertbaudet,  Petit Bateau aussi; du coup on pense aussi à la maman qui vient sur Alsace-Lorraine, elle n’a pas besoin de prendre sa voiture pour aller à droite à gauche, si elle vient elle fait les 3 magasins la plupart du temps, donc au final tout le monde est content !

RCF: Donc au final ce n’est pas un problème?

S. Filiol: Non ce n’est pas un frein parce que si vous n’avez pas de concurrent, vous n’existez pas.  Au contraire, plus il y a de choix et mieux c’est. Justement les clients vont faire la différence: comment ont-ils été accueilli dans tel magasin et … En venant chez nous, ils voient la différence du coup, ils reviennent. C’est tout l’intérêt d’avoir des concurrents à côté de nous.

RCF: La franchise Jacadi, que vous connaissez bien puisque vous en avez été salariée, vous impose un certain nombre de choses bien sur, quelles libertés vous laisse-t-elle aussi?

S. Filiol: Une liberté pour faire du local. Cet a dire que l’on peut très bien par exemple pendant la fête des mères acheter des roses et on offrir aux mamans qui rentrent pour x montant d’achat, pour marquer le coup. Pour le reste on est contraint de respecter les vitrines, le merchandising, le savoir faire et d’avoir exactement le même discours auprès des clients sur les produits etc…

RCF: Quels sont les produits les plus vendus?

S. Filiol: Nous avons vraiment un temps fort : ce sont les cérémonies. Tout ce qui est baptême, mariage etc nous avons, et les clientes le savent, des produits spécifiques, des robes de cortège… Donc quand elles baptisent leur enfant, elles savent que c’est chez nous qu’il faut venir ! Et puis quand il y a un cadeau à faire, c’est chez Jacadi! Nous avons tout un rituel, le paquet cadeau, le ruban, le papier de soie, on y met vraiment notre cœur.

RCF: Les innovations pour les vêtements d’enfants, c’est surtout des tissus etc enfin tout ce qui concerne la mode. On retrouve parfois des « copies » de tenues d’adultes pour les enfants, pour autant est ce qu’il y a d’autres innovations? À quel rythme cela se fait, comment maintenez-vous le lien avec la maison mère?

S. Filiol: Une fois par semaine nous avons des réunions téléphoniques, on reçoit par mail des informations pour savoir ce qui va se passer la semaine d’après, les ouvertures à l’international, une personne qui part à la retraite etc. Jacadi garde toujours le lien avec ses succursales et ses franchises. Quand un produit ne va pas on fait remonter l’information, directement ils mettent en place un autre produit pour remplacer. Nous changeons nos vitrines tous les 15 jours, ils communiquent beaucoup sur Facebook et Instagram avec les produits phares. Il y a toujours un lien.

RCF: J’imagine que c’est surtout pour les petits-enfants que les gens viennent vous voir, étant donné que c’est de 0 à 12 ans, peut être que les 10 / 12 ans vous êtes moins concernés? Ou pas?

S. Filiol: Non honnêtement, il y en a vraiment de tout âge. Le premier déclic, c’est de vendre aussi de la chaussure à la cliente. Parce qu’en fait, une fois que vous vendez de la chaussure, la cliente se sent vraiment rassurée, car c’est primordial de chausser comme il se doit l’enfant. Et une fois qu’elle a pris conscience que la marque travaille très bien la chaussure, et bien derrière vous avez les vêtements. Très souvent elles nous suivent jusqu’au 12 ans de l’enfant.

RCF: Quels sont justement les produits phares de Jacadi pour maintenant ou cet été?

S. Filiol: On fait des maillots de bain en ce moment. Là, on fini la cérémonie et les cortèges etc d’ailleurs on n’a presque plus de stock sur les robes. Les deux derniers thèmes du plein été,  les clientes doivent penser «vacances», donc on va les aider à faire leur valise pour partir cet été.

RCF: La fête des mères, ce n’est pas quelque chose qui vous touche beaucoup?

S. Filiol: On n’est pas trop concerné en effet, vu que nous vendons de l’enfant, mais on a toujours un petit geste. Là par exemple, j’ai un kit de couture à offrir aux mamans pour n’importe quel montant de  panier, même si nous ne vendons rien pour elle directement. On se réserve des petites surprises pour les mamans.

RCF: Alors ce tour du monde qu’on évoquait au début de l’émission avec votre famille, Franck et vos deux enfants, est un peu loin maintenant; mais est ce que vous avez le sentiment que cette expérience nourrit encore aujourd’hui votre vie au sein de votre famille mais aussi votre vie professionnelle?

S. Filiol: Complètement parce que lorsque vous revenez d’un tour du monde vous revenez toujours grandi, changé. Vous avez vu de telle chose, quand il vous arrive quelque chose, des pépins, vous relativisez, vous vous dîtes que ce n’est rien, que  ce n’est pas grave, on a surmonté plus que cela encore. On prend de notre expérience, on va encore plus vers les gens, on a envie de donner, on a envie d’être généreux, donc on va continuer d’agrandir notre entreprise pour continuer de satisfaire, de développer et de rencontrer des gens. 

 

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Retranscription de l’émission « Passionnément » E. Collard

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Bienvenue dans la retranscription de l’édition « Passionnément », où chaque mois en partenariat avec RCF Saint-Etienne, vous retrouverez l’interview d’un commerçant Stéphanois du livre Côté Comm’, passionné par son métier autant que par ses produits.

Place à Emilie Collard des Jardins de Babylone.

RCF: Bonjour Emilie! Ce magasin est vraiment extraordinaire, je pense qu’il est connu de beaucoup de gens, même s’ils ne sont pas rentrés chez vous! Justement on va en parler tout de suite, c’est grâce à vos vitrines. Il y en a beaucoup, combien de linéaire de vitrines?

E. Collard: J’ai 5 vitrines de 2 mètres en angles de rue, c’est du boulot!

RCF: Parce qu’il y a une mise en valeur. Comment on organise autant de vitrines?

E. Collard: Alors, les vitrines je n’ai pas vraiment d’idée quand j’en commence une, je fais par rapport à ce que j’ai reçu dans la semaine, en fonction des cache-pots, des plantes que j’ai choisi. Donc petit à petit je commence et cela vient au fur et à mesure. J’essaie de changer les thèmes assez souvent.

RCF: Vous avez d’ailleurs fait des choix, des choses inattendues : un jour pour la Saint-Valentin, vous avez même investi! C’est justement cet investissement pour se démarquer?

E. Collard: Effectivement pour la Saint Valentin, une année j’ai mis plein de gros vases « boules » avec des couples de poissons rouges ! J’ai donc acheté je ne sais plus exactement, mais 80 poissons rouges ! C’était très beau et très rigolo, les gens m’en parlent encore ! Donc il est vrai que parfois j’investis des fois pas mal d’argent dans mes vitrines mais à la fois c’est ce qui fait que je vais beaucoup vendre mes produits aujourd’hui. Il faut trouver le bon thème, ce n’est pas toujours évident. Noël par exemple… c’est doré et cela ne change pas souvent ! Mais j’arrive à faire des vitrines différentes chaque année et j’ai beaucoup de compliments, cela fait vraiment ma pub’.

RCF: Vous avez eu envie de devenir fleuriste? Depuis toute petite?

E. Collard: J’ai toujours aimé être dans le jardin de ma grand-mère faire des petits bouquets, mais voilà ce n’était pas mon rêve. J’ai toujours aimé la « déco » même ado, j’aimais changer ma chambre etc… Je me suis dit que c’était un métier qui pourrait me plaire et effectivement je suis passionnée, même si c’est dur.

RCF: En même temps le commerce, la clientèle, vous connaissez cela depuis longtemps !

E. Collard: Exactement! Je suis fille de primeur, je travaillais beaucoup chez mes parents le week-end pour les aider. Oui je connais bien le commerce, depuis toute petite ! Mes parents avaient un magasin mais ils faisaient également les marchés, donc j’étais avec mon père le samedi matin, dans le froid !

RCF: Vous avez fait des études pour devenir fleuriste, car cela ne s’improvise pas. On connait tous quelques fleurs «vedettes» on va dire, mais à partir de là c’est un insuffisant pour apporter le conseil au client, et puis peut-être ce dont il a besoin pour offrir ou pour chez lui.

E. Collard: Pour ouvrir une boutique de fleurs, il ne faut pas de diplôme aujourd’hui. La profession n’est pas trop protégée par rapport à cela. Le syndicat des fleuristes se bat depuis plusieurs années pour que cela soit reconnu avec au moins l’obligation d’avoir un CAP, mais cela ne passe pas. Donc demain vous pouvez ouvrir une boutique, mais en général ceux qui ouvrent sans diplôme ne tiennent pas longtemps. C’est quand même un métier qui s’apprend sur quatre ans : un CAP en deux ans et un BP en deux ans, on peut même faire un brevet de maîtrise en un an, je me suis arrêtée personnellement au BP. Je trouve qu’il faut bien ces 4 ans là pour connaître le métier.

RCF: D’autant, et votre magasin le prouve, qu’au delà des quelques fleurs que j’évoquais tout à l’heure, on trouve chez vous par exemple des fleurs exotiques de toute tailles, des fleurs qu’on ne s’attends pas forcément à trouver en ville chez un fleuriste. J’ai derrière moi un olivier, que je n’avais pas vu en rentrant, on trouve cela généralement chez les pépiniéristes donc c’est vraiment une ouverture très large de propositions en ce qui vous concerne.

E. Collard: Oui exactement. J’essaie de trouver des produits qu’on ne trouve pas partout. Tout le monde vend des plantes et des fleurs aujourd’hui. J’essaie de suivre les tendances car oui, il y a des tendances dans les fleurs ! En ce moment, c’est les fleurs champêtres et fleurs séchées. Les plantes vertes sont devenues à la mode depuis quelques années; avant on vendait plus de fleurs, maintenant la tendance s’est inversée. Donc j’essaie de trouver des plantes originales et diverses.

RCF: Je suis arrivée à l’ouverture du magasin et vous avez commencé par une sérieuse séance de gymnastique. Qu’est-ce qu’il faut faire tous les matins et tous les soirs du coup?

E. Collard: Je sors ce que j’appelle ma «terrasse», des fois l’été quand il fait un peu meilleur, je mets des petits canapés, des tables… L’année dernière, j’ai fait une ambiance un peu Marrakech : avec des lanternes, des oliviers, un aloe vera… Et bien tous les matins, il faut sortir et arroser, car dans des petits pots comme ça le vent dessèche. Rentrer et sortir deux fois par jours toutes les plantes, toutes les tables etc donc j’aime bien quand tout est mis en scène.

RCF: L’arrosage matin et soir dehors, mais aussi dans le magasin?

E. Collard: Comme il fait assez humide dans mon magasin, non pas forcément quotidien. Par contre, il faut changer l’eau des fleurs coupées tous les jours.

RCF: Et pour les arbres que vous vendez vous n’êtes pas obligée de tailler? Vous n’avez pas le temps de le faire! C’est certainement assez vite vendu?

E. Collard: Oui, cela part rapidement je n’ai pas besoin de tailler, les plantes d’intérieur je n’ai pas d’entretien.

RCF: Comment les choisissez-vous? Vous nous avez parlé de tendance, de mode, de saison bien sûr. En même temps, l’Anigozanthos, une cliente qui vient de rentrer vous a demandé, je n’en avait jamais entendu parler, je ne sais pas si c’est une plante courante ou pas?

E. Collard: Ce n’est pas très courant après on peut en planter chez nous, c’est une plante d’Afrique du sud, on peut couper les fleurs et les faire sécher, avec une grande variété de couleurs; orange, jaune, rose pale, rouge, c’est une fleur assez curieuse.

RCF: Vous êtes sympa, vous en sortez une pour moi de son vase, elles ont des formes très particulières et puis un surnom?

E. Collard: Oui ! On les appelle aussi plus communément des «pieds de kangourou»!

RCF: Alors toutes ces fleurs, vous les connaissez, vous vous dîtes voilà, il m’en faut pour le magasin ou bien est ce que vous avez des fournisseurs qui vous les proposent sans doute ou sur des catalogues. Comment faîtes vous vos emplettes pour le magasin?

E. Collard: Alors on achète beaucoup sur un site mais je vais quand même chez mon grossiste. Mais les grossistes ce n’est pas eux qui vous trouvent les choses, ils vendent ce qu’ils vont être sûrs de vendre, tout ce qui est un peu original, si vous ne demandez pas vous n’avez pas.

RCF: Ces grossistes ils se trouvent où? Alors c’est un peu caricatural, mais on pense à la tulipe et aux Pays-Bas, aux roses et à Nice… donc est-ce que c’est vraiment cela ou bien est-ce que c’est d’ailleurs que viennent ces fleurs?

E. Collard: Alors tout passe par la Hollande, même les fleurs qui viennent d’équateur, même les fleurs françaises montent en Hollande pour être redisptachées donc c’est vrai que quand j’achète de la fleur française, des fois elle est descendu du midi, montée à Aalsmeer en Hollande et elles redescendent chez moi ! Donc pour l’empreinte carbone ce n’est pas top mais voilà c’est comme ça.

RCF: Vous n’avez pas la possibilité d’acheter directement à un producteur français?

E. Collard: Ce n’est pas facile de trouver! Les Hollandais ont racheté beaucoup de producteurs du sud de la France, ils se sont «fait manger» petit à petit; il en existe hein mais le problème c’est que souvent, ils n’ont pas beaucoup de quantité, pour le transport etc c’est compliqué !

RCF: Nous allons nous déplacer dans la deuxième pièce de votre superbe magasin. Nous avons l’impression de changer de continent grâce à ce que vous proposez. J’ai aperçu cela de loin en rentrant dans la boutique, vous avez deux rayons de statut de vierge, de croix qui évoque le Saint-Sacrement, d’ex-votos, alors là je suis complètement scotchée je dois dire!

E. Collard: C’est la mode depuis bien 4 ans, je ne sais pas vraiment d’où cela sort. En tout cas, la Covid a accentué cette tendance ! Ce sont deux lyonnaises qui ont créé cette marque «bon cœur» et «bonne sœur» depuis 6 ans maintenant et elles font un carton. Elles ont vraiment développé la mode de tout ce qui est « bondieuserie » on va dire. Elles travaillent en partenariat avec la Ciergerie des Prémontrés à Tarascon, une grande ciergerie traditionnelle, en proposant des vierges fluos, les cœurs de lumière et j’en vend au moins une par semaine.

RCF: Et les gens les mettent cela dans leur chambre?

E. Collard: Partout ! J’ai même un client qui m’en achète de toutes les couleurs et qui a fait un couloir avec des niches, et chacune a une vierge de couleurs et après il les customise en mettant des fleurs sur la tête, des bijoux…

RCF: Donc ça c’est pour le mur «surprenant», mais il y a également plein d’autres objets, ici il y a même de la vaisselle dans cette deuxième partie?

E. Collard: Oui je me suis un peu développée en déco car cela va bien avec les fleurs quand même. Puis parfois il y a des temps plus calmes par exemple quand il fait plus chaud, les gens achètent moins de fleurs donc cela me permet de maintenir un chiffre d’affaires.

RCF: Alors vous ouvrez à 10h et vous êtes ouverte jusqu’à 19h, en continu?

E. Collard: Oui. Alors là c’était les vacances scolaires mais en temps normal je fais 9h / 19h du mardi au samedi.

RCF: Alors même si l’achat de fleurs finalement a baissé, les gens ont toujours envie d’acheter des fleurs?

E. Collard: Oui quand même. Mais la plante reste quand même plus à la mode. Cela reste le petit cadeau. Même si la fleur a augmenté aussi, comme tout, c’est toujours le petit cadeau que l’on peut faire à 30 euros cela fait toujours plaisir.

RCF: Alors par la magie de la radio, on vient de laisser passer 30 minutes. Deux clientes sont rentrées, l’une en disant «c’est le paradis ici» et qui a trouvé que votre composition de bouquet était très originale, et un couple qui était manifestement décidé sur ce qu’ils voulaient, ils savaient qu’ils allaient trouver chez vous. C’est un peu un échantillon de vos clients?

E. Collard: J’ai une clientèle parfois très âgée mais qui vient chez moi parce qu’ils savent que je vais les conseiller, leur faire un beau bouquet. Et j’ai une clientèle plus jeune qui veut suivre les tendances, les réseaux sociaux, la déco… La dame par exemple a pris ce qu’on vend le plus en ce moment : de l’eucalyptus et du gypsophil pour faire sa petite décoration chez elle avec ses Dames-Jeanne. Voilà j’ai deux types de clients.

RCF: On en revient à l’organisation du magasin, cela aussi s’est imposé à vous, vous l’imaginez, vous le mettez sur le papier ou bien vous vous laissez porter par le moment où vous vous y attelez?

E. Collard: Je me laisse porter. Je ne sais pas trop à l’avance, je vais faire ceci, cela. C’est vraiment le jour où je décide, j’en ai marre de cette table ici ce meuble là, tiens c’est pas mal comme cela, cela vient au fur et à mesure. Je change, je remets…

RCF: J’avais eu l’occasion de passer à Noël à ce moment-là vous étiez deux, aujourd’hui vous êtes toute seule. Ce n’est pas un choix de votre part?

E. Collard: Non pas du tout. Oui j’ai travaillé avec Faustine qui avait 24 ans donc je savais qu’elle ne resterait pas des années, quand on est jeune on a envie de voir autre chose donc effectivement elle a trouvé un travail ailleurs, elle voulait changer de boutique, voir comment cela se passe ailleurs. Donc là oui, je me retrouve toute seule et j’ai du mal à trouver quelqu’un, des fleuristes il n’y a en pas tant que cela. Je recherche quelqu’un effectivement.

RCF: On peut dire que c’est une bonne implantation du magasin?

E. Collard: Oui je suis bien placée, j’ai 5 belles vitrines, un bel emplacement surtout en rue piétonne.

RCF: Oui en l’occurrence, rue Sainte Catherine. Comment peut-on évoluer, se développer, pas forcément en surface, mais faire en sorte pour que le magasin soit toujours au top pour que les clients soient toujours au rendez-vous?

E. Collard: Toujours suivre les tendances, il faut regarder les réseaux sociaux, Instagram pour ma part. Les gens lisent beaucoup les magazines de déco, de mode etc… Il ne faut pas se laisser aller. Je n’ai pas vraiment le temps de voyager, mais les voyages développent la créativité. Essayer de trouver des petits artistes, j’ai des clientes qui font des jolis choses donc des fois je leur propose de mettre leur produit en magasin, des petites pochettes ou autres, j’essaie d’avoir des petits trucs sympas qu’on ne trouve pas ailleurs.

RCF: C’est un peu cela la clé?

E. Collard: Oui exactement. Des fois on me demande «avez-vous un vase tout simple, transparent?». Et non, je leur conseille d’aller chez Ikea. Je ne veux pas qu’on trouve les mêmes choses chez moi.

RCF: Vous êtes donc installée à Saint-Etienne, est-ce un choix ou un concours de circonstances?

E. Collard: C’est un concours de circonstances! (rires) Je suis de Dijon à la base. Ma meilleure amie travaillait ici, pour Richard l’ancien patron, il a décidé de vendre sa boutique donc elle m’a appelé et à l’époque j’étais sur Paris, j’en avais un peu marre. Je ne connaissais pas du tout Saint-Etienne mais j’ai dit oui tout de suite. Je suis arrivée en 2009 vraiment par hasard !

RCF: Et pas de regret aujourd’hui?

E. Collard: Non! J’espère juste que je ne resterai pas jusqu’à mes 70 ans dans ce magasin (rires). J’espère changer d’endroit.

RCF: Toujours dans les fleurs quand même?

E. Collard: Oui, je pense ou en tout cas je ferai une activité toujours en lien avec les fleurs. Peut-être plus dans l’évènementiel.

RCF: Vous faîtes partie de l’association des commerçants Côté Saint-Etienne qui regroupent énormément de commerçants de la ville. Pourquoi ce choix d’adhérer?

E. Collard: Parce qu’ils font plein d’évènements au cours de l’année, ils ont un site internet où l’on peut mettre en avant le magasin, ils nous font de la publicité, je trouve que c’est bien d’adhérer.

RCF: Quelles sont les tendances pour l’été qui arrive?

E. Collard: Comme l’année dernière, beaucoup de champêtre, de bohème. Pour les mariages c’est bohème chic. Les couleurs plutôt du nude, terracota, blanc, très pastel avec des choses assez simples.

RCF: Vous évoquez les mariages, cela fait évidemment partie des évènements dans lesquels les fleurs sont attendues, et pas n’importe lesquelles!

E. Collard: Oui tout à fait. Cette année il y a beaucoup de mariages, beaucoup plus que l’année dernière. J’ai eu un mariage en «fleurs fraîches» la semaine dernière cela m’a fait très plaisir, c’était très classique mais cela faisait très longtemps que je n’en n’avais pas fait. En ce moment, on est vraiment des centres de table en fleurs séchées, des fauteuils Emmanuel garnie de pampa… Voilà, pour ce qui est des tendances mariages en ce moment et depuis 2 ans.

RCF: Et votre fleur préférée?

E. Collard: Alors j’adoooore les pavots, c’est une fleur qui ne dure pas très longtemps, mais c’est tellement beau! J’adore les renoncules, les pivoines, les anémones… Je crois que j’aime toutes les fleurs en fait, à partir du moment où elles sont bien présentées! Comme le glaïeul qui n’est plus du tout à la mode, mais un beau bouquet blanc, dans un grand vase Médicis, dans une grande maison, cela peut être magnifique! Après tout dépend comment on le met en scène!

 

Pour réécouter l’émission en intégralité, cliquez ici !

Retranscription de l’émission « Passionnément » V. Solelhac

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Bienvenue dans la retranscription de l’édition « Passionnément », où chaque mois en partenariat avec RCF Saint-Etienne, vous retrouverez l’interview d’un commerçant Stéphanois du livre Côté Comm’, passionné par son métier autant que par ses produits.

Place à Valérie Solelhac de chez Levi’s.

RCF: Bonjour Valérie ! Je me suis demandée comment vous présenter : Responsable de boutique ? Créatrice ? Fondatrice ? Gérante ? Gestionnaire ? Un peu tout cela à la fois !

Revenons sur la « jeunesse » de l’aventure, vous avez démarré ailleurs que pour Levi’s ?

V. Solelhac: J’ai travaillé avec mon père qui avait un magasin New Man. La marque me plaisait moyennement, ce n’était pas mon truc, ce n’était pas moi qui l’avais monté. J’ai rencontré des gens qui avaient une boutique Levi’s à Tours et c’est eux qui m’ont donné envie, envie de participer à cette aventure. Je suis allée chez Levi’s et contre toute attente, j’ai été choisie, je ne sais pas pourquoi ! Il y avait plein de candidats mais j’avais déjà un magasin, le savoir-faire aussi et voilà ; tout a démarré il y a 26 ans.

RCF: Premier coup, et premier coup de maître j’allais dire, cela veut dire que cette envie d’être à l’origine de la boutique, en l’occurrence la franchise Levi’s ici à Saint-Étienne, cela vous tenait à cœur ? On peut parler d’une entreprise entrepreneuriale malgré tout ?

V. Solelhac: Je ne sais pas si cela me tenait à cœur par contre ce que je sais c’est que quand j’ai rencontré la marque je me suis dit oui c’est vraiment des gens avec qui j’ai envie de travailler. J’aimais tous les gens au bureau, cela se passait bien, j’aimais la marque ils m’ont beaucoup aidé aussi, conseillé et j’ai eu envie de travailler avec eux et j’ai toujours envie, cela se passe très très bien.

RCF: Quand vous dîtes j’ai aimé la marque, c’est une marque culte bien sûr, le jean depuis fin du 19eme siècle on sait ce que cela peut représenter dans le vêtement que l’on porte tous plus ou moins, alors tous les jeans ne sont pas des Levi’s, mais du coup que représente cette marque pour vous justement ?

V. Solelhac: Alors c’est une marque qui est authentique, ils savent vraiment traiter du jeans, faire des vrais pantalons, habiller des gens, les coupes vont bien, c’est une marque aussi durable cad qu’on peut très bien le passer à sa fille qui le passera à son copain ou qui en fera finalement un sac à main. Ce ne sont pas des produits jetables ce sont des produits qui durent, qu’on aime, plus on les lave plus ils sont beaux ! Et ça, on ne peut pas le dire chez tout le monde mais chez Levi’s c’est vraiment une réalité.

RCF: Vous avez abordé tout de suite le dur, c’est vrai que l’un des reproches que l’on peut faire ou que l’on a pu faire au jean, c’était notamment sa consommation en eau, et là vous dîtes que la marque est extrêmement attentive à ce qui est aujourd’hui une vraie problématique mondiale.

V. Solelhac: Oui ils essayent vraiment de gérer le problème avec des jeans « waterless », donc avec moins d’eau. Ils font des délavages qui ne sont plus faits dans des machines, ils ont des usines qui sont éco- responsables, voilà le discours qu’ils ont, mais au-delà de tout ça pour nous, pour moi ce qui est très important, c’est ce que ce sont des produits qui durent. Effectivement cela consomme de l’eau mais on en achète finalement un au lieu d’en acheter cinq et c’est comme cela que l’on va peut-être réussir à moins consommer en achetant moins de produits.

RCF: Revenons maintenant sur la boutique ici rue Alsace Lorraine, une boutique qui allie le minéral et le bois en particulier, beaucoup d’élégance. C’est vous qui avez choisi, décidé comment cela allait se présenter ?

V. Solelhac: Alors non, ce n’est pas moi, c’est Levi’s, ils ont un cahier des charges qui est très précis, ils sont très attentifs à tous les détails, le sol, le plafond, la disposition des jeans. Tout est fait par Levi’s, des gens qui réfléchissent et je suis contente de les écouter parce que le résultat est beau et les clients s’y retrouvent et c’est ce que j’aime !

RCF: Vous êtes en franchise mais en même temps vous suivez quand même ces consignes, cela ne s’oppose pas ?

V. Solelhac: Alors si on peut se dire que je ne suis pas vraiment indépendante parce que j’écoute tout, effectivement j’ai fait le choix de vraiment suivre à la lettre ce que dit Levi’s et je pense réellement avoir fait le bon choix, parce que si je suis toujours là 26 ans après, c’est parce que je les ai écouté, parce que j’ai mis en place tout ce qu’ils voulaient et les résultats sont là. Le magasin est beau, les clients sont contents, le chiffre d’affaires est là donc je pense que Levi’s à un vrai savoir-faire et que les gens qui travaillent s’organisent pour nous préparer tout cela, ils sont meilleurs que moi dans mon petit magasin, toute seule, voilà.

RCF: C’est ce qu’on appelle le design et effectivement c’est un vrai métier, vous auriez pu commanditer quelqu’un d’autre ici sur la place stéphanoise et le fait que cela soit la marque il y a peut-être une corrélation plus grande avec les valeurs de cette marque, l’image qu’elle cherche à donner.

V. Solelhac: Je n’ai absolument pas eu le choix c’est-à-dire que pour être franchisée Levi’s il faut suivre leur concept je n’ai absolument pas le droit de faire ce que je veux. Par contre, j’ai le droit de faire travailler des artisans locaux et c’est toujours ce que j’ai fait. J’ai pris leur cahier des charges avec tout ce qu’ils voulaient et j’ai toujours fait traiter tout ce que je pouvais faire traiter au niveau local. J’ai quand même fait des travaux très souvent, du coup j’ai sollicité les artisans locaux.

RCF: Êtes-vous vous-même de la région, je ne vous ai pas posé la question ?

V. Solelhac: Oui je suis de Saint-Étienne, et mes parents aussi.

RCF: C’est important de rester là, d’avoir sa boutique ici ?

V. Solelhac: Je trouve que j’ai une qualité de vie ici, j’habite assez près, je trouve que c’est une ville qui est d’une taille « facile », on a toutes les commodités, tout ce que peut avoir on le trouve à Saint-Étienne. Pour moi c’était important, j’ai un mari qui travaille aussi par-là, du coup j’ai toujours eu envie de rester.

RCF: On va continuer si vous le voulez bien avec le produit, parmi les jeans, le mythique 501 dont c’est bientôt l’anniversaire, 150 ans qu’il aura été créé. Est-il différent en 2023 par rapport aux autres jeans ?

V. Solelhac: Oui, d’abord il est mythique. Les gens qui se rendent ici viennent toujours pour le 501, pour le voir sans nécessairement toujours l’acheter. C’est un jean qui va vraiment très bien, qui a évolué au cours des années bien sûr parce que sinon il ne correspondrai plus du tout à la mode d’aujourd’hui. C’est toujours le 501 mais qui a évolué tout en gardant son ADN en fonction des modes. C’est vraiment LE jean de chez Levi’s.

RCF: Pardonnez-moi cette question « naïve », mais comment peut-on innover véritablement avec un pantalon ? La forme cela va de soi, on l’a vu les jambes du pantalon qui collent à la jambe, les «pattes d’eph » il y a un certain nombre de créations possibles, pour autant quand vous dîtes que le 501 à évoluer, de quelle façon a-t-il changé au cours de ces dernières années ?

V. Solelhac: C’est vrai qu’on ne voit pas les évolutions à l’œil nu car c’est toujours un pantalon qui sera toujours taille haute, qui aura toujours avec des boutons, qui ne sera jamais «pattes d’eph» comme vous venez de le dire, mais des jambes droites mais Levi’s sait l’adapter, je ne saurai pas vous dire comment exactement mais ils font des adaptations sur la taille de poches, la largeur des jambes ou du bas, qui fait cela colle à la mode d’aujourd’hui en étant toujours « le même » jean. Les modifications ne sont pas tellement visibles mais quand on l’essaye, ça se voit !

RCF: Cette émission est en partenariat avec l’association Côté Saint-Etienne qui regroupe un certain nombre de commerçants de la ville, quelques mots sur cette association. Qu’est-ce que ça change d’en faire partie ?

V. Solelhac: Ça change le fait de faire partie d’un groupe de se sentir moins seule d’avoir quelques animations qui sont plutôt sympas, ils sont à l’initiative de la braderie de septembre, avec un système de chèques/cartes cadeaux qui nous ramènent quand même pas mal de clients et quand même du chiffre d’affaires, et au-delà de ça c’est aussi des gens avec qui on peut communiquer, on peut les appeler, si un jour on a pas trop le moral parce qu’on se dit « finalement il n’y pas eu de client aujourd’hui » on peut leur demander quelle est la tendance à Saint-Étienne, ce que pensent les autres peut être de se sentir moins seule. Dire que cela change, c’est un grand mot, mais disons que c’est plutôt agréable d’avoir affaire à des gens qui nous comprennent et qui ont l’idée d’un très grand nombre de commerçants à Saint-Étienne, savoir la tendance en fait.

RCF: La boutique qui a connu l’histoire avec un grand H et les 5 dernières années n’ont pas été absentes d’événements lourds. En tout cas les boutiques de Saint-Étienne et d’ailleurs ont subi, la Covid, les gilets jaunes… Qu’est-ce qui se passe dans la tête d’une commerçante, quand il faut fermer comme ça du jour au lendemain. Comment avez-vous vécu cela ?

V. Solelhac: Pour moi les gilets jaunes, ça été très très très compliqué. J’ai très mal vécu cette violence, j’ai très mal vécu le fait d’être obligée de murer mon magasin, de fermer tous les samedis après-midi, de mettre les collaborateurs en danger parce qu’on ne savait pas, vraiment j’ai été très traumatisée par cela. Après la Covid, c’était juste incroyable de fermer un magasin on ne savait pas qu’on allait être aidé donc moi je me suis dit que c’était fini, que l’aventure allait se terminer et puis finalement on a rebondi, le gouvernement nous a quand même vraiment aidé nous avons pu continuer. Après que cela recommence aujourd’hui avec des grèves et des violences, j’avoue que cela me fait peur et que cela fait beaucoup. On est quand même fatigués de tout cela.

RCF: Vos collaborateurs ou vos collaboratrices, 3 avec vous dans la boutique Valérie, ce sont vos salariées, qu’est ce que cela représente pour vous lorsque vous venez au magasin que vous savez que vous allez travailler avec l’une ou l’autre, ce mot de collaboratrice qui prend tout son sens pour vous ?

V. Solelhac: Pour moi c’est très important d’avoir des gens avec qui je m’entends d’abord bien, que j’ai eu toutes ces années des gens très jeunes que j’ai formé, j’ai fait beaucoup de contrat de qualification, j’ai vraiment aimé faire cela et au-delà de tout cela, travailler avec des gens avec des gens que j’aime bien avec qui je m’entends bien, je trouve que c’est aussi une aventure humaine que d’être dans un magasin comme cela, pour moi c’est hyper important et je pense avoir plutôt réussi ce je voulais, en tout cas je suis satisfaite de tous les gens avec qui j’ai pu travailler mis à part 2/3 exceptions normales en 27 ans.

RCF: Vous m’avez dit une chose qui m’a un peu surprise en préparant l’émission, « ce qu’il faut c’est que les gens ne viennent pas pour moi, mais viennent vraiment pour la marque, pour le magasin », on peut comprendre évidemment s’ils viennent pour Levi’s, la marque, mais il y a une envie de dire qu’il y a une fidélité à ce que je suis, moi ?

V. Solelhac: Alors moi j’avais des parents commerçants, et mon père m’a toujours dit, alors est ce que c’est cela ou est-ce que c’est autre chose je ne sais pas, « essaye d’avoir un magasin qui repose sur toi au niveau de la gestion et de tout ce qui se passe dans le magasin par contre que les clients ne viennent pas te chercher toi parce que tu n’auras jamais une vie agréable si tu es tout le temps obligé de faire la vente et d’être tout le temps-là ». Donc j’ai toujours essayé de ne pas me mettre en avant par rapport au client et de mettre mes collaboratrices toutes égales en fait je pense que les 3⁄4 des client(e)s qui viennent ici ne savent pas qui est responsable et qui ne l’est pas, cela ne me dérange absolument pas, je n’ai rien à prouver à personne, la seule chose qui compte pour moi c’est que mon magasin tourne, je m’en occupe, mais je n’ai pas besoin d’être « au-devant de la scène » cela ne m’intéresse pas.

RCF: Cela suppose de la formation. Vous avez parlé des jeunes en contrat de qualification, vous disiez en commençant, le plus important c’est que le client trouve son compte très rapidement, qu’il trouve le jean qui va lui aller ce n’est pas à la portée du premier venu, il faut une vraie formation ?

V. Solelhac: Alors oui, quand on débute il est vrai, qu’il y a un gros travail. C’est vrai que je tiens absolument à ce que tout le monde soit formé de façon équivalente pour que les client(e)s ne se sentent pas lésés « j’ai été servi(e) par untel ou unetelle et j’ai été mal servi(e). Je pense que la réussite pour un magasin se base sur la connaissance des produits, quand un client rentre, nous n’avons pas le droit à l’erreur, enfin on n’a pas le droit de lui faire essayer 8 jeans qui ne lui vont pas. On peut se tromper une fois, il faut faire rêver les gens et pour faire rêver les gens il faut connaître ce que l’on vend et je pense qu’on y arrive assez bien. Cela demande des heures de formation, on discute beaucoup, on essaye beaucoup les produits, on voit ce qui peut aller à quel type de personne, à quelle morphologie.

RCF: Le vêtement, on le voit bien chez les jeunes, cela a toujours été mais peut-être plus qu’autrefois, l’anticipation du regard de l’autre sur soi. On est presque dans l’affectif, cela vous laisse-t-il comme une responsabilité par rapport à cela ?

V. Solelhac: Oui que les gens soient heureux avec ce qu’ils essayent, pour moi voir une femme qui se regarde dans la glace et qui fait « waouh » quand elle est contente de voir ses fesses dans son jean et ben moi ça me fait plaisir, j’aime ça !

RCF: L’autre aspect évidemment et pas des moindres dans une boutique comme la vôtre, c’est le conseil au client, peut-être qu’il cherche un pantalon mais peut-être qu’il n’a aucune idée de ce qu’il va choisir, c’est vraiment un plus que vous allez pouvoir apporter ?

V. Solelhac: Alors oui c’est sûr que le conseil est très important et c’est vrai qu’on a des techniques chez Levi’s qui sont bien rodées, cad des techniques de vente pour connaître, apprendre les besoins de chaque client. Je donne ces formations à chacun de mes nouveaux collaborateurs, pour que d’abord tout le monde fasse la même chose, et pour avoir vraiment des questions ciblées pour savoir ce qui veulent et c’est vrai que lorsqu’on pose les bonnes questions, pas 15 questions non plus hein, il faut aller vite et être efficace, mais quand on a posé 3 voire 4 questions, on doit pouvoir trouver le produit qui va rapidement dans les rayons.

RCF: Aujourd’hui, est-ce que vous constaté des gens qui sont fidèles qui reviennent qui savent que justement ils vont pouvoir trouver ce qui va leur aller « à eux » ?

V. Solelhac: Alors oui j’ai vraiment des clients très fidèles, très fidèles Levi’s, très fidèles au 501 et aux conseils qu’ils trouvent chez nous et qui savent qu’en venant chez nous on va leur trouver le produit qui convient alors qu’ils ne savaient « presque pas » ce qu’ils voulaient en arrivant.

RCF: Vous êtes repartie pour 25 ans de boutique ici peut-être ?

V. Solelhac: Alors sûrement pas 25 ans ! Après je serai trop vieille, je pense qu’il y a un âge pour tout, mais je suis encore là pour quelques années, voilà (rires).

 

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Retranscription de l’émission « Passionnément » T. Thomas

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Bienvenue dans la retranscription de l’édition « Passionnément », où chaque mois en partenariat avec RCF Saint-Etienne, vous retrouverez l’interview d’un commerçant Stéphanois du livre Côté Comm’, passionné par son métier autant que par ses produits.

Place à Tristan Thomas, « créateur de souvenirs gourmands» de la Confiserie des Arcades et C’est si bon…

RCF: L’histoire de votre boutique, et plus précisément celle de votre famille est parfaitement retranscrite dans le livre récemment publié par l’association Côté Saint-Étienne. Votre portrait ainsi qu’une vingtaine d’autres, ont pour but de montrer aux Stéphanois toute la «richesse» de leur ville. 

Pensez-vous qu’ils l’ignorent, non seulement en termes de produits proposés, mais en termes de conseils et d’investissements, parfois depuis des générations?

T. Thomas: Je crois que les Stéphanois et les consommateurs en général, sont à la recherche d’humanité, de conseils, d’expertise, de proximité. Aujourd’hui, nous avons tendance à « étherer » un petit peu les relations humaines à travers les réseaux, les grosses plateformes de e-commerce, etc. Mais les consommateurs ont besoin de cette présence qu’est la nôtre. Ils ont besoin d’être guidés, orientés et rassurés aussi parfois, et ce n’est pas derrière un écran qu’on peut avoir ce genre d’interactions. Être à la recherche de ce genre de proximité, d’échanges, cette recherche d’humain finalement, c’est aussi les raisons pour lesquelles les gens passent notre porte, ils s’attendent à trouver tout cela. Et c’est aussi la raison pour laquelle ils reviennent !

RCF: Pourquoi avoir accepté de prendre part à cette édition de Côté Saint-Étienne?

T. Thomas: Ce livre est un ensemble de commerçantes et de commerçants, qui existent depuis toujours pour certains et plus récemment pour d’autres, mais ils ont tous une vraie identité. Nous représentons tous une valeur Stéphanoise : un savoir-faire, un savoir être aussi. Si chacun, individuellement, apporte ses valeurs, nous enrichissons notre clientèle ; humainement j’entends, et par voie de conséquence, la Ville et ses alentours. En se regroupant autour d’initiatives comme celle-ci, nous pouvons arriver à faire des choses que nous ne pouvons pas faire seuls. Plus précisément dans le cadre de ce livre, avec l’abondement d’un fonds de solidarité par exemple. Pour moi, c’était important d’y participer et de façon honnête, sincère, du mieux possible. Je pense que c’est également le cas de toutes mes consœurs et confrères qui ont participé à cet ouvrage, pour justement donner cette visibilité à notre travail, notre passion, mais aussi pour faire partie d’un ensemble, qui a une vocation qui dépasse et transcende le simple commerce.

RCF: La Confiserie des Arcades, c’est 3 générations, pouvez-vous nous retracer son histoire rapidement?

T. Thomas: Oui, c’est une histoire de famille. L’entreprise a été fondée par mes grands-parents en 1956. Mon père l’a repris en 1984 et moi en 2011.

Mon grand-père, originaire de Montélimar, a vendu du nougat sur les marchés. A la suite de quoi il a pu ouvrir une épicerie avec ma grand-mère sous les arcades de Saint-Étienne. Très rapidement, bonbons et biscuiterie ont pris leurs places. L’apparition du chocolat en rayon ne s’est fait que sur la fin de leur activité, lorsque mon père a repris. Cette partie est devenue pratiquement la première source et volume d’affaires de l’entreprise. Par la suite, j’ai particulièrement privilégié le chocolat français et décidé de sanctuariser tout cela en rajoutant le travail sur les cafés de spécialité. Dans une volonté de retour aux origines, je propose depuis peu, une petite partie d’épicerie fine avec des produits en circuit très courts et en production strictement ligérienne.

RCF: Et du coup pourquoi deux boutiques l’une à côté de l’autre?

T. Thomas: En fait, c’est un concours de circonstances. Je cherchais à récupérer ce petit local à l’angle qui offre plus de visibilité à mon activité, par rapport à la grande boutique. Je voulais un concept différent, réfléchir à une autre façon d’appréhender mon métier. Et parallèlement à cela, la maison Voisin cherchait aussi étoffer ses activités auprès de partenaires historiques, comme nous. C’est l’ensemble de ces trois facteurs qui sont rentrés en résonance. J’ai pu monter mon projet, avec l’aide de différents acteurs institutionnels, comme la Ville de Saint-Étienne et la CCI, entre autres.

RCF: Les 4 grands axes que vous travaillés sont donc réunis autour de la qualité et de produits origine France?

T. Thomas: Dans presque 100 % des cas, sauf évidemment pour certains, qui ne peuvent pas être fabriqués ici.

RCF: Est-ce que cette sanctuarisation vous a paru essentielle au moment de rependre la suite?

T. Thomas: J’ai vu cela comme une opportunité, un vrai défi. On ne va pas très loin si l’on ne donne pas du sens ce que l’on fait. Et dans cette quête de sens, je me suis interrogé sur ce qu’était mon métier, finalement. Et après un petit peu de recherche, de réflexion et d’introspection, je suis arrivé à la formule qui nous définit, «créateur de souvenirs gourmands depuis 1956». Cela résume très bien ma démarche. Mon objectif n’est pas de proposer «juste» du chocolat, des bonbons, de l’épicerie fine d’une marque ou d’une autre. Ma démarche est de proposer à mes clients, tous les ingrédients pour passer un bon moment, sans grandiloquence, seul ou avec d’autres, autour de la gourmandise. Par exemple, des petites choses comme «on est allés manger chez mamie, on a mangé des caramels comme quand on était petits», «on est allés voir notre voisin pour le remercier, on lui a offert de bons chocolats». Au-delà des produits et leurs origines, il y a une histoire, un patrimoine, un savoir-faire, des recettes ainsi que des personnes qui les font aussi. C’est donc cela que je sélectionne, ce n’est pas juste un produit, c’est tout ce qui va avec.

RCF: Vous les connaissez sur le bout des doigts du coup?

T. Thomas: Je les goûte ! Je goûte tout ! Ceux qui me connaissent en vrai le savent, et le voient ! Tout ce que je propose doit obéir à un certains nombre de valeurs. Il y a des choses que je ne fais pas car je sais que certains fournisseurs impliquent le travail des enfants par exemple. De la même manière, il y a des produits sur lesquels je fais des marges très faibles car ce sont des produits qui ont une histoire, que derrière il y a «des gens», il y a une région, qui font que j’ai envie de les mettre en avant. C’est l’ensemble de tous ces facteurs qui font qu’aujourd’hui, quelqu’un vient acheter quelque chose chez moi. Et lorsqu’on l’accueille, lorsqu’on le conseille qu’on le guide et bien l’objectif c’est de tendre simplement vers un petit bonheur. Il n’y a pas de démarche de négoce pur, ce n’est pas ce qui m’anime même si je reste une chef d’entreprise.

RCF: Vous avez une diversité de produits extraordinaire. Quels sont les plus traditionnels?

T. Thomas: Par exemple, les pastilles de Vichy qui ne soient pas à la menthe. J’en propose au citron et à l’anis. Au niveau des différentes marques avec lesquelles je travaille, je propose la Nougastelle de chez Weiss, Le coussin de Lyon de la Maison Voisin. Ce sont des incontournables ancrés dans la culture locale et régionale, également ancrés dans la culture de la gastronomie nationale et internationale pour certains.

Pour l’épicerie fine, je propose du français évidemment, mais j’ai vraiment volonté et vocation à travailler avec des producteurs ligériens: du miel, des biscuits, des pâtes à tartiner, cacao…  Pour certaines matières premières, je vais les chercher plus loin. J’ai par exemple du safran qui vient directement d’Iran, c’est un produit exceptionnel.

RCF:  Vous allez jusqu’à proposer du vinaigre, dans une confiserie c’est un peu inattendu?

T. Thomas: Oui, mais c’est drôle ! Dans l’épicerie fine il y a vraiment cette partie dégustation, avec différentes préparations. Des terrines, des compotées de légumes mais il y aussi toute cette dimension «aides culinaires» qui sert justement à créer. Et souvent, créer se fait «à plusieurs» autant dans la dégustation, que la confection ou la dégustation, voir même les trois, du coup on reste toujours dans cette démarche de créations de bons moments et de souvenirs.

RCF: Vous vous dîtes «artisan», pourtant vous ne fabriquer pas ce que vous vendez, expliquez-nous!

T. Thomas: En fait, je fabrique «les situations» pour créer ces souvenirs. Donc peu être pas artisan mais viscéralement créateur.

RCF: Malgré votre démarche qui vise à l’authenticité, à la volonté d’être au plus près de «la vérité» des produits, certains peuvent quand même se retrouver en grande surface?

T. Thomas: Il y en a évidement, mais la difficulté si vous voulez, c’est un peu l’aiguille et la botte de foin. On en revient à ce qu’on disait au début : la présence, l’humanité, la qualité, le savoir-faire, l’authenticité en tant que commerçants. Que ce soit pour moi dans la confiserie ou pour mes confrères dans la bijouterie, dans les jeux de sociétés etc. Nous sommes toujours là parce que derrière, il y a cet ensemble de choses, cette expertise, ce conseil et cette sélection. Des vinaigres, je pourrai vous en proposer 2000, il y en a pleins de fabricants! Mais aussi autant de variantes en bonbons, du chocolat,  et idem pour le café. Mais je préfère proposer «telle référence avec tel fabricant» pour toutes ses raisons. Et nous tous, commerçants stéphanois et d’ailleurs, nous sommes dans cette démarche-là. Nous n’avons pas vocation à être un site où l’on référence de façon exhaustive toutes les références possibles et imaginables, pour que derrière vous puissiez trier avec des choix pseudo magiques, abscons et arbitraires.

RCF: Donc vous n’êtes pas une «chocothèque»?

T. Thomas: Non enfin d’une certaine manière si, mais une chocothèque d’auteurs !

RCF: Voilà donc 12 ans que vous êtes aux commandes, que vous avez ajouté votre «patte». Est ce que vous avez le sentiment d’avoir apporter quelque chose de différent par rapport à vos grands-parents, parents?

T. Thomas: Ce n’est pas la même société, il faut se le dire; mais pour autant, je dis souvent avec humour que j’ai un peu fait mon «Jacques Chirac» avec «une rupture tranquille». Je n’ai pas changé fondamentalement ce que proposait l’entreprise mais je l’ai dévié sur des valeurs et sensibilités différentes progressivement, pour s’adapter aux goûts et aux attentes des consommateurs ainsi qu’à la réalité du monde. Il faut «s’adapter ou mourir», c’est le style de vie des entreprises quelles qu’elles soient. Cette démarche d’adaptation et d’innovation me tient vraiment à cœur et je l’ai mis tout de suite en place avec la recherche de nouveaux fournisseurs, de produits, que ce soit de manière très éphémères ou au contraire très pérennes. Moi même en tant que consommateur, il m’arrive aussi de me lasser, nous sommes tous pareils; c’est donc une démarche entrepreneuriale très saine. Je souhaite que mes clients reviennent, sans pour autant toujours leur proposer la même chose, sinon ils finiront par aller ailleurs! Aujourd’hui j’explore des terrains de jeux un peu différents parce qu’avec ces nouveautés, il y a une véritable notion de «jeux» avec ma clientèle, souvent très réciproque! Voilà ce qui engendre des rencontres, des échanges, des belles histoires qui vont encore dans cette démarche de bons moments de créations d’instants

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